(1)Le FLE au Japon : un regard croisé franco-japonais
Le FLE au Japon : un regard croisé franco-japonais
Co. パネリスト | BRANCOURT, Vincent(Université Keio) COUCHOT, Hervé(Université de Tokyo) KIKUCHI, Utako(Université Kansai) MIZUBAYASHI, Akira(Université Sophia) RICO-YOKOYAMA, Adriana(Université d'Osaka) ROUSSEL, François(Université de Langues Etrangères de Tokyo) SUZUKI, Keiji(Université de Tokyo) ![]() |
Dans le prolongement de la table ronde qui s'était réunie au congrès d'automne de la même société à Niigata l'année dernière, nous avons tenté de réfléchir sur la crise de l'enseignement du français langue étrangère en envisageant des possibilités concrètes d'action à différents niveaux.
Nous avons commencé par un bilan de la situation soulignant, au-delà du seul problème de la baisse des effectifs, les conséquences des réformes entreprises dans certaines universités et du changement de statut de la seconde langue d'un point de vue institutionnel.
Keiji Suzuki a replacé ce bilan dans une perspective plus large en le mettant en rapport avec la crise du culturalisme japonais -- à l'ancien culturalisme né à la fin de Meiji et que la mondialisation anglophone et une vision techniciste de l'enseignement ont aujourd'hui battu en brèche, il appelait à substituer un “nouveau culturalisme” fondé sur l'étude des langues étrangères et une réelle ouverture au monde.
L'intervention d'Akira Mizubayashi portait sur deux points: tout d'abord, la nécessité de développer l'enseignement des secondes langues dans les lycées et d'encourager les lycéens qui apprennent le français; dans une telle perspective, l'épreuve de langue proposée de façon optionnelle au concours d'entrée de l'Université de Tokyo qui permet au candidat de répondre pour une part dans une seconde langue -- le français, par exemple -- semble une piste particulièrement intéressante. Par ailleurs, il a attiré notre attention sur le cruel manque de formation pédagogique de ceux qui sont destinés à enseigner le français en université, le recrutement des enseignants se faisant jusqu'à ce jour uniquement en fonction de leurs travaux de recherche.
Avec Hervé Couchot, nous nous sommes penchés tout d'abord sur l'accueil du nouvel enseignant dans l'université -- avec un projet de vademecum destiné à mieux lui permettre de trouver sa place et de mieux définir sa pédagogie; il s'agissait aussi d'insister en parfait accord avec les remarques d'Akira Mizubayashi sur la nécessité de développer la formation et de multiplier les échanges pédagogiques, tant au sein d'une équipe enseignante qu'au niveau interuniversitaire, notamment par la mise en place d'un système de tutorat ou de classes ouvertes.
Toujours dans cette même logique visant à une meilleure définition des objectifs pédagogiques et une meilleure coordination du travail d'enseignement, Adriana Yokoyama a montré comment le Cadre Européen Commun de Référence pouvait nous aider à atteindre de tels objectifs grâce aux éléments très précis et très concrets en terme de compétence par lesquels il définit la progression de l'étudiant et en propose une évalution.
François Roussel s'est ensuite demandé dans quelles conditions l'enseignement du français pouvait être pour les étudiants l'occasion d'une véritable rencontre avec l'altérité qu'évoquait déjà dans son intervention Keiji Suzuki. Cela peut passer aussi bien par le biais des manuels qui doivent donner accès à la réalité socio-culturelle française actuelle que par des rencontres avec des membres de la communauté francophone au Japon, des interventions dans la classe d'étudiants francophones venus au Japon dans le cadre d'échanges avec l'Université.
Enfin, Utako Kikuchi a présenté la réforme mise en place dans son université pour l'enseignement du français. Cette réforme menée depuis 2000 illustre bien des points abordés dans les communications précédentes: elle vise à proposer aux étudiants un enseignement privilégiant une approche communicative telle qu'elle peut être définie par le Cadre Européen Commun de Référence et elle a unifié l'apprentissage autour d'un seul manuel à partir duquel les enseignants travaillent en collaboration. De même elle a été accompagnée d'une formation pédagogique proposée aux enseignants.
Les interventions ont ensuite été suivies de discussions très stimulantes avec l'assistance qui était venue nombreuse nous écouter et réagir à nos propositions. Nous espérons que cette table ronde sera une étape dans l'épanouissement de la réflexion pédagogique sur le FLE au Japon.